Remises en question professionnelles, projets de carrière, bien-être et quête de sens au travail … Autant d’éléments mis en lumière par la crise sanitaire, qui catalysent un phénomène sociologique pointé du doigt.
Le bien nommé Quiet Quitting fait parler de lui et les médias s’emparent du sujet - on ne peut plus polémique - qu’est celui de la démission silencieuse. S’agit-il d’une révolte passagère ou d’un réel problème de fond ? C’est ce que nous allons voir dès à présent !
Suite aux nombreux chamboulements structurels engendrés par l’épidémie de Covid-19, nous avons pu assister à l’avènement de la Grande Démission (ou Big Quit). Dès lors que le contexte économique présente un poil de stabilité, le marché de l’emploi est bien plus favorable. Conséquence ? Les départs massifs se sont enchaînés. Nouveaux plans de carrière, reconversions professionnelles et changements de vie radicaux ont entraîné dans leur sillage la quête de sens au travail. Une quête de sens qui n’a pas non plus épargné les questions d’ordre économique, social, politique ou environnemental : désormais, les salariés attendent de la part de leurs employeurs des actions concrètes (sans belles paroles).
Néanmoins, la situation géopolitique actuelle complique les choses. Même si « l’insurrection » gagne du terrain et que les revendications se multiplient, il est aujourd’hui beaucoup plus difficile de claquer la porte. Beaucoup plus difficile d’affronter la démission et de la regarder droit dans les yeux, si aucun filet de secours n’est tendu. C’est donc sans un bruit que le Quiet Quitting s’est faufilé. À lui seul, ce terme anglophone incarne une démobilisation assumée, un décrochage grandissant. On reste à son poste, mais on s’en tient au strict minimum. On respecte ses obligations, sans donner davantage. Et si le full remote reste un critère de rétention très prisé, il conforte certains collaborateurs dans l’idée d’en faire le moins possible (voire pire).
Faire des heures supp’ (non payées / non récupérées), s’impliquer durablement, nourrir une conscience professionnelle ou encore soutenir son équipe, désignent une infime partie des comportements prosociaux adoptés sur le lieu de travail. Toutefois, lorsque l’on se surpasse / qu’on fournit des efforts supplémentaires, mais que l’on ne sent pas reconnu à sa juste valeur, on plonge du côté inverse. Rancoeur, colère, et incompréhension provoquent une première scission, et nourrissent un sentiment d’injustice.
Si le collaborateur estime que son niveau de productivité est trop élevé, il va doucement lâcher du lest. En ce sens, il ajuste sa jauge d’engagement par rapport à ce qui est stipulé sur son contrat. Moins de temps passé à trimer, certes, mais également un déni de son identité professionnelle.
Grosso modo, le Quiet -Quitter se détache de tout ce qui a trait à l’environnement de travail. Cela peut notamment se traduire par :
Bien souvent et d’après de nombreuses études, le Quiet Quitting résulte d’une démotivation, occasionnée par la crise de sens (i.e Grande Démission) qui règne actuellement. Aux problématiques écologiques et sociales s’ajoutent les interrogations du type : « En quoi mon travail est-il utile à la société ? ». Ou encore « Pourquoi devrais-je me tuer à la tâche alors que mon salaire ne suit pas ? »
Il n’est pas rare de voir « les partisans du moindre effort » se mettre en scène via les réseaux sociaux. D’ailleurs, on ne compte plus les vidéos d’employés qui martèlent leur propre Carpe Diem, celui de ne plus se couper en quatre pour leur employeur. Mais justement, c’est là qu’on tique. Souvenez-vous ! Le « Quiet Quitting » se traduit comme la « Démission Silencieuse ». Dans ce cas, pourquoi parle-t-on d’une vendetta qui consiste in fine à remplir sa part du contrat (je travaille en échange d’un salaire) ? Tout simplement parce que le « Quiet Quitting » est en quelque sorte la phase initiale du désengagement au travail … Et pousse une multitude d’individus complètement à bout, à démissionner.
Face au culte de la performance et des objectifs de croissance toujours plus soutenus, le Quiet Quitting divise les foules. Pour certains, il s’agit d’une rébellion faussement téméraire (inventée par les plus gros flemmards de la planète) et pour d’autres, d’une nécessité permettant de se préserver, sans passer par la case « Vous êtes viré ». Si le Quiet Quitting peut avoir mauvaise presse, il va pourtant bien au-delà d’un simple enfantillage. Doit-on jeter la pierre aux « Quiet Quitters » qui désacralisent le fameux « Travailler plus pour gagner plus », quand on sait pertinemment que leur salaire n’augmentera pas ? Est-on réellement capable d’évaluer leur jauge de bien-être quand on ignore tout de leurs conditions de travail ? Derrière l’apparente banalité de cette tendance au renoncement se cache une autre réalité. Au-delà des déconvenues professionnelles et de la pression inflationniste, le « Quiet Quitting » serait-il un moyen de protéger sa santé mentale, pour éviter le surmenage ?
Basta les prises d’initiatives et les « charrettes » chaque semaine sans perspectives d’évolution en retour … On se cantonnera à sa fiche de poste. Grossièrement dépeint, c’est ça, le Quiet Quitting. Mais si l’on creuse un peu plus, on se rend compte que cette tendance à respecter stricto sensu son contrat social est aussi un rééquilibrage, entre vie personnelle et professionnelle. Une espèce de forteresse contre l’augmentation de la charge de travail. Ainsi, le Quiet Quitting est un appel à repenser certaines pratiques en interne, à valoriser les échanges et les temps de parole, à établir un lien basé sur le respect, la confiance et la compréhension des besoins.
Et surtout, si vous en arrivez à cette réflexion là, c'est qu'il est sûrement temps de penser à d'autres perspectives. Chez La Relève, on vous propose de nombreuses offres à pourvoir partout en France, dans le domaine de la Tech, des Sales et du Digital.